Zone critique - Penser avec le vivant



Le titre du projet 
Zone critique  fait référence au concept proposé en 2001  par le National Research Council aux Etats-Unis pour désigner  la pellicule la plus externe de la planète qui est le siège de la vie et de l'habitat humain. Il s'agit de cette  zone vaguement définie « entre le ciel et les roches », où interagissent l'eau, les gaz, les minéraux, les roches pour donner naissance aux sols, aux eaux, aux êtres vivants. 

Mon postulat de départ est de m'intéresser aussi bien à la partie visible des céréales, qu'à la partie cachée. En effet, à la différence de ce qui se passe en surface ce qui se passe dans le sol ne peut être appréhendé qu'en imagination ou via la science. Or, l'espace racinaire d'un champ de blé est comme la partie cachée d'un iceberg. Dans un hectare de blé il peut y avoir 300 000 kilomètres de racines qui alimentent la plante en eau et en éléments nutritifs. C'est un système d'une très grande complexité qui n'a d'égal que son extrême plasticité.  J'ai donc eu envie d'investir cette zone critique en développant deux travaux distincts : un travail sur site avec des céréales plantées et un travail plus expérimental dans l'atelier autour des racines.

 Le projet in situ

En m'associant avec Triticum, j'ai choisi de planter des céréales anciennes plus rustiques et qui possède des caractéristiques différentes de celles des blés de l'agriculture intensive.  L'idée est de de tresser les épis de blé lorsqu'ils seront arrivés à maturité.

Les formes choisies pour investir les deux grandes pelouses en haut du jardin sont le cercle et le carré, deux formes géométriques que l'on retrouve couramment dans les jardins monastiques et plus particulièrement dans le jardin de l'Abbaye St Georges de Boscherville.

Sur la pelouse de droite les cercles concentriques illustrent la continuité et la répétition, symbolisant le cycle de vie et de mort ainsi que le flux constant du temps. Ils nous rappellent la nature cyclique de la vie et nous invitent à méditer sur notre place dans le vivant.

Sur la pelouse de gauche les bandes horizontales et verticales alternées renvoient aux sillons dans les champs, mais également, de manière stylisée au tissu racinaire et à l'entremêlement des racines dans le sol.
Dessins préparatoires pour le jardin de l'abbaye St Georges, 29 x 42 cm

Le centre de chaque installation sera animé d'un  mouvement de respiration régulier. Ce mouvement invite à la méditation  et rappelle que l'air qui nous entoure, invisible et silencieux fait partie de notre environnement, que nous l'avons en partage avec tous les organismes vivants de cette planète.

Les plantations

Fin février, l'association Triticum a préparé et semé le blé de printemps selon les tracés que j'avais au préalable définis. 


Semences : Mottet blanc, Bon Cauchois, Rouge de Saint Lô, ODBRC, Poulard d'Australie

Ils atteindront leur maturité en juillet/ août. En parallèle, j'ai planté une petite parcelle de blé dans mon jardin pour pouvoir les travailler en amont. La question récurante sur mes projets est : quelles sont les qualités de tel ou tel matériau naturel et dans quel sens je peux les utiliser dans mon travail artistique sans modifier intrinsèquement le matériau lui-même ? Par exemple, pour le blé, ce qui m'intéresse c'est la capacité à se courber -inhérente aux blés anciens - alors que dans l'agriculture intensive on va plutôt privilégier des blés courts qui ne se couchent pas.

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